Monaco Economie 109

97 de l’Incubateur, comme le résume Laurent Masson : « Ce sont d’abord des entreprises en phase de création ou au stade de projet. Elles doivent être porteuses de nouvelles inventions ou de projets d’innovation. Nous ne sommes pas sur des activités traditionnelles ». Alors que le changement de modèle écono- mique pour une entreprise en place s’avère contraignant, les start-up possèdent la flexibilité et les aptitudes pour appliquer de nouveaux critères économiques. L’EFC, un écosystème basé sur l’efficience Docteur en Sciences de Gestion de l’Université catholique de Louvain et spécialiste de l’EFC, Christophe Sempels invite dans un premier temps les start-up à s’interroger sur la raison d’être profonde de leur projet entrepreneurial en se mettant à la place du client : « L’EFC consiste à déplacer la logique du modèle d’éco- nomie classique centré sur le moyen vers un modèle économique centré sur l’effet. On ne vend plus du moyen qui, s’il est mal utilisé par le client, ne produira pas véritablement les effets escomptés. Au contraire il s’agit de s’engager avec le client sur les effets en remontant dans la chaîne des besoins du client». Un procédé qui a l’avantage de convaincre plus aisément les nouveaux clients en leur présentant un modèle gagnant-gagnant, où le résultat prime sur la promesse. En contre-exemple, il décrit la logique des constructeurs automobiles qui vendent comme moyen des véhicules à l’unité, avec pour conséquence la congestion du ré- seau routier et la pollution. Alors même que l’effet recherché par le client est la mobilité, son achat se limitera à un taux d’usage d’environ 6%. Il paie donc essentiellement son achat pour qu’il l’attende sur le parking. L’une des nombreuses solutions serait par exemple l’autopartage (taux d’utilisation du véhicule monte jusqu’à 60%) intégré dans un système de mobilité multimodale (transports en commun, vélo etc…). L’EFC intègre également l’efficience qui se décline en plusieurs vo- lets essentiels. Aux start-up de s’intéresser aux ressources qu’elles utilisent, matérielles et immatérielles, car l’efficience environne- mentale questionne l’impact qu’exerce l’entreprise sur les ressources naturelles (consommateur, neutre ou régénérateur). Quant à l’efficience sociale, elle déclenche un effet de cercles concentriques vertueux, comme le dépeint Christophe Sempels : « L’entreprise doit créer un bien-être et mieux-être individuel et collectif d’abord à l’intérieur même de l’entreprise, chez les collaborateurs. Puis chez les clients, les acteurs de la chaîne de valeur, ainsi que toutes les parties prenantes, les riverains et l’ensemble des personnes qui seraient susceptibles d’être impactées directement ou indirectement par l’activité ». Ce qui entraîne la réflexion sur l’efficience mo- nétaire, où l’entreprise a tout intérêt de valoriser à sa juste valeur son activité : as- sez pour pérenniser son développement et pas trop pour ne pas nuire aux parties pre- nantes. Car toute action qui serait menée au détriment d’autres partenaires fragili- serait tout l’écosystème mis en place. Cet aspect justement représente une nouvelle donne économique aux yeux de Dominique Vian : « Le modèle classique issu de l’industrie traditionnelle consiste à dire que quoique l’on fasse, dès lors que l’on crée de la valeur monétaire, il devient acceptable de produire des déchets et des iniquités. Ce postulat de la création de richesse monétaire à n’importe quel prix ne tient plus face au modèle EFC, qui démontre qu’il devient possible de créer de la valeur mais pour un plus grand nombre». ISMA360, un modèle contre-intuitif Déjà auteur de nombreux travaux sur la cognitation entrepreneu- riale, Dominique Vian souhaite faire gagner un temps précieux aux start-up grâce à la méthode ISMA360 (Innovation Systemic Marketing Analysis). Ce procédé, né d’une observation des start- up qui réussissent, est la seule méthode qui rationnalise le choix d’un marché pour une invention. Dominique Vian explique sa mé- thodologie : « Il n’y a pas d’incertitude sur un marché existant, car on connaît les acteurs. Mais quand vous êtes dans l’innovation, vous êtes dans l’incertitude. Les inventeurs tentent de lier l’inven- tion à un problème. Sous-entendu l’invention résout la cause du problème. ISMA360 va poser la question différemment, dans une logique contre-intuitive. La méthode consiste à ne jamais chercher les causes des problèmes, mais d’identifier les conséquences de ce que permet l’invention». Cette méthode unique permet un gain de temps essentiel dans la réussite d’un projet de start-up afin de lui éviter le risque de pivot, c’est-à-dire de s’adresser aux mauvais marchés. « La grande originalité de notre démarche, conclut Christophe Sempels, s’est que nous faisons converger plusieurs innovations. De l’identification des marchés cibles et des périmètres pertinents qui permettent de bâtir des modèles économiques innovants, jusqu’à la recherche des moyens de réapprovisionnement res- ponsable pour accroître une valeur d’efficience environnemental : c’est là l’une des singularités de ce dispositif. Nous assemblons des briques innovantes pour construire une super innovation ! »

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